Le Pouvoir au Féminin

Une newsletter dédiée au leadership pour que les femmes prennent toute leur place dans les prises de décisions.

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Par Nelly Jimenez
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Femmes de pouvoir, double standard et double peine

Retour sur un mois riche pour le podcast mais aussi en politique avec le débat de Donald Trump et de Kamala Harris qui en dit beaucoup sur la posture autorisée à une femme en pouvoir.


"La femme serait vraiment l'égale de l'homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente."

Françoise Giroud


Vous êtes vous déjà posé·es la question de jusqu’où on peut aller pour atteindre le pouvoir ? Tous les coups sont-ils permis? La réponse est loin d’être simple. Elle l’est encore moins quand on parle d’une femme.

On sait déjà qu’il est plus difficile pour les femmes de s’imposer, de mettre en avant leurs accomplissements ou par exemple de réclamer une augmentation. Mais à ces barrières que l’on se met nous-mêmes s’ajoutent des normes extrêmement genrées, qui jouent généralement en notre défaveur. C’est d’autant plus vrai dans les arènes très compétitives, ou tous les coups (même les plus bas) sont permis, comme par exemple la politique. 

C’est ce que l’on a toutes pu observer en regardant le dernier débat Harris versus Trump du 10 septembre dernier. Présidentielles américaines obligent, les attaques ont bien sûr fusées de part et d’autre. Mais difficile de ne pas noter que l’un des candidats se permettait beaucoup plus que l’autre. S’éloignant très souvent du terrain politique, Trump n’a pas hésité à remettre en question l’intelligence et la loyauté envers son pays de son adversaire, quand il ne se moque pas ouvertement de son physique ou doute de ses véritables origines en interview. 

Harris, elle, devait jouer selon d’autres règles. Elle n’avait pas le même espace pour riposter, car quand une femme rend coup pour coup, elle prend le risque d’être jugée bien plus sévèrement.

Lorsque l’on est la ou l’une des premières femmes à briguer un tel poste (que ce soit la présidence d’un pays ou d’une entreprise d’ailleurs), les attentes sont forcément plus importantes. Le sous-texte étant toujours à peu près le même : est-elle vraiment capable d’assumer de telles responsabilités ? Mais ce n’est pas que la pression de donner le bon exemple qui empêche Kamala Harris d’attaquer elle aussi en-dessous de la ceinture. 

Les normes de genre que l’on impose encore aux femmes, en politique comme dans le monde de l’entreprise, font peser sur nous un double standard. D’un côté, certains considèrent que nous n'incarnons pas le pouvoir (voire qu’il s’évapore quand on arrive). De l’autre, les femmes qui s’emparent un peu trop de ces codes sont accusées de quitter la sphère du féminin pour passer du côté obscur du pouvoir. Notre assurance devient de l'arrogance, notre détermination de l’arrivisme et notre autorité de l’autoritarisme. 

Bref, quel que soit le parti que l’on prend, on en sort (presque) toujours perdantes. 

Le défi auquel fait face Harris, et avec elle toutes les femmes qui s’élèvent dans leur hiérarchie, c’est de briser le plafond de verre. Mais de le faire avec suffisamment de douceur pour que ça n’éclabousse pas trop les autres. Bref, briser le plafond de verre avec une petite cuillère plutôt qu’un pic à glace. 

Ce double standard était déjà dénoncé par le personnage incarnée par America Ferrera dans le film Barbie, dans lequel elle dit notamment “Tu dois masquer tout pouvoir que tu possèdes sous des gloussements”. Un double standard qui impose donc un double jeu, souvent exténuant pour les femmes. 

Le véritable défi n’est donc pas d’adhérer à la vision actuelle du pouvoir, mais de la redéfinir. De la subvertir, pour la rendre plus inclusive, plus universelle. Parce qu’au fond, le pouvoir ne devrait pas être réservé à un seul modèle, et encore moins à un seul genre.


🎧 Les deux derniers épisodes du podcast à rattraper

Céline Stein, DG d'Octopus France. “Une fois qu’on devient vraiment utile à son équipe, là on a confiance en soi.” Céline nous livre une vision du leadership profondément ancrée dans l'humain et la collaboration. Pour elle, le pouvoir ne se mesure pas à l’autorité, mais à l’impact collectif que l’on génère en travaillant ensemble. Avec une approche rafraîchissante, elle nous amène à mieux comprendre l’importance de notre environnement, à la fois professionnel et personnel, pour faire évoluer sa carrière et affirmer son pouvoir. Céline nous partage aussi un modèle de management qui valorise la confrontation d’idées, le soutien mutuel, et où les décisions ne reposent plus sur une seule personne, mais sur l’agilité de toute une équipe.

🎧 Cet épisode s’adresse à toutes celles qui ont besoin d’être un peu plus indulgentes avec elles-mêmes et de relâcher la pression. Car au-delà de nos accomplissements et de notre volonté, le pouvoir ne se construit pas seule et a besoin d’un réseau bienveillant pour s’épanouir.

Sabrina Kemel, Avocate associée de FTMS - "Je ne vois pas pourquoi un homme serait mieux”. Avocate associée de FTMS en droit social, Sabrina nous raconte son parcours avec sincérité, où chaque défi est perçu comme une opportunité de grandir. Pour elle, tout est possible, à condition d’oser et de continuer à avancer, peu importe les obstacles rencontrés. Elle nous livre une vision du pouvoir à la fois inspirante et collective, mettant en avant un leadership fondé sur la capacité à fédérer, qui n’hésite pas à casser les codes et permet de s’assumer pleinement telle que l’on est. 

🎧 Cet épisode résonnera auprès de toutes celles qui se lancent dans un milieu dont elles n’ont pas forcément les codes ni aucun réseau sur lequel s’appuyer. Sabrina nous aide à croire en nos capacités et à avancer avec confiance, tout en restant fidèles à nos valeurs et en favorisant le succès collectif.

Si vous n’êtes pas encore abonnée c’est ici


🎤 Retour sur la table ronde - Du syndrôme de l’impostrice à la légitimité des femmes au pouvoir

En Septembre avait lieu le premier évènement organisé par le Pouvoir au Féminin. Une table ronde qui s’est tenue le 26 Septembre à la Kedge Business School et dans laquelle nous échangions sur les origines du syndrôme de l'impostrice et l’importnace pour les entreprises de construire des environnements de travail qui favorisent la confiance. 

Un débat riche autour de la déconstruction des mythes du pouvoir, du besoin de créer son mode de leadership et des choses à mettre en place en entreprise pour que tout le monde se sentent légitimes.

Cette table ronde s’est faite en partenariat avec le réseau Comète et la participation de trois invités avec des visions complémentaires : Adeline Afflatet, Directrice Générale de BU chez Galileo, Julie de Comarmond, ex-DRH chez LVMH et Gaël Chatelain Berry, auteur et conférencier. Mais également une audience très participative qui a animé le débat.

Si vous n’avez pas pu participer à cette table ronde ou que vous aimeriez réécouter les interventions de nos invités, la bonne nouvelle est qu’elle sera disponible à l’écoute dans le prochain épisode du podcast, le 24 octobre prochain. 

Stay tuned pour les prochains évènements de l’année !


📖 Les reco lectures et écoutes

On reste dans la thématique du double standard et des difficultés à concilier pouvoir et normes de genre féminines avec 3 recommandations qui vous permettront de creuser le sujet. 

  • Combattantes, une histoire de la violence féminine en occident (sous la direction de Martial Poirson). Un excellent ouvrage collectif (qui s’ouvre sur une préface de notre ancienne Ministre de la Justice, Christiane Taubira) qui dévoile l’histoire oubliée non seulement des femmes, mais surtout des femmes offensives. Des Amazones en passant par les suffragettes, on découvre ou redécouvre des figures de femmes en armes, émeutières, résistantes, activistes, ou tout simplement violentes. 

  • “Les dirigeantes, moins agressives que les dirigeants ?”, un épisode du podcast Le tour du monde des idées sur France Culture. Contrairement à ce que CNews aimerait nous faire penser, le monde serait moins violent aujourd’hui ? C’est la vision défendue par le psychologue Steven Pinker qui l’explique par la féminisation du pouvoir. 

  • La « femme agressive », un cliché salement tenace, article écrit par Naya Ali et publié sur le site de Madmoizelle. La journaliste revient sur les procès en agressivité des femmes de pouvoir (comme Ségolène Royale en politique, mais aussi Sheryl Sandberg, ex directrice des opérations de Facebook) et décrypte les fondements, mais aussi les bienfaits, de la colère féminine.